L’authenticité, marqueur de singularité

La semaine passée, j’ai répondu aux questions de Stéphane Bourbier, fondateur de Our Company. Sortant d’un rendez-vous de chez le dentiste la bouche à moitié endormie, j’avais filé en quatrième vitesse à Station F où j’intervenais une demi-heure plus tard à une soirée des Alumnis de Stanford.

5 minutes plus tard, j’étais donc devant la caméra de l’équipe de Stéphane et vous avez peut-être vu la vidéo. La question : qu’est ce que j’aimais chez mes collaborateurs ? Je répondais spontanément. Un mot m’est venu à l’esprit de façon récurrente. Le mot AUTHENTICITE.

Je n’y avais pas vraiment réfléchi mais cette réponse me paraît aujourd’hui « normale », presque logique. L’authenticité est la raison pour laquelle j’aime les gens quand bien même nous puissions avoir de profonds désaccords sur certains sujets.

Plus encore, l’authenticité me paraît primordiale dans la vie de tous les jours comme dans la vie d’une entreprise : pouvoir dire à ses collaborateurs qu’on n’a pas la solution, pouvoir énoncer des doutes à un partenaire et pouvoir même avouer qu’on a parfois peur. Nous sommes tous humains, il nous manque parfois la cap de Superman.

Et pourtant se montrer vulnérable, tant auprès des équipes qu’auprès de ce LinkedIn où l’on se donne tant de mal pour « paraître » n’est pas forcément logique surtout quand on porte un projet.

Or, depuis le démarrage de l’Aventure, je suis convaincue qu’elle ne dépend pas seulement de nous. Notre projet dépend des rencontres que nous faisons et ferons. Notre projet s’enrichit chaque jour des idées de ceux qui nous rejoignent. Je suis persuadée que l’authenticité est une des clefs qui nous permet de travailler avec des personnes extraordinaires.

Aujourd’hui je n’ai aucun problème à dire à un interlocuteur « je n’ai pas la réponse, mais j’ai autour de moi un collectif de personnes dont chacun a probablement un bout de la réponse ». Pas très stratégique me direz-vous, mais c’est ainsi que j’aime travailler : en expérimentant avec un collectif de personnes humainement alignées et qualifiées dans leurs métiers.

Je suis plus que jamais convaincue qu’il faut arrêter d’essayer de proposer seul une réponse à une question : l’authenticité de chacun est primordiale pour résoudre un problème. A commencer par celle de celui qui pose la question…

Laisser place à l’authenticité révèle les singularités

C’est en laissant aux plus jeunes de l’équipe les commandes du site que j’ai découvert qu’ « on est vieux à la trentaine » et que leurs singularités répondent tout autant que la mienne à une tranche de la population.

Je me rappelle avoir vu passer des articles que jamais je n’aurais publié et que Eve mettait en ligne sans sourciller : elle les savait s’adresser à sa génération.

Cette constatation est également valable en entreprise. Quand on réinvente le monde de l’entreprise, il est impossible de se passer de la jeune génération qui pense parfois de façon diamétralement opposée à la notre ! Les oublier car ils n’ont pas de pouvoir « décisionnaire » est un danger, de même que les oublier car ils n’ont pas fait « d’école ». Leur réponse a tout autant de valeur que celles des plus âgés et de ceux « capés grande école ». D’autant qu’eux ont au moins la chance de parler le langage de milliers de collaborateurs.

Vous l’aurez compris, ces 2 mots : authenticité et singularité étaient tout simplement les plus logiques à mes yeux. Je dois vous avouer que j’ai été très surprise des messages que j’ai reçu suite à la vidéo : des inconnus me remerciant pour mes propos ou m’indiquant qu’il était impossible de rester « entier » dans le monde du travail. Cela a ouvert quelques débats qui auront, j’imagine, également lieu d’être dans les commentaires de cet article.

Au demeurant, si je milite pour l’authenticité intra et inter-entreprises, je m’interroge sur l’authenticité dans un contexte plus global…

Rentrer dans le moule ?

Quand nous avons eu l’idée de fonder LOptimisme.com, nous avions à cœur de véhiculer un message sincère et authentique, de même avec le Club des CHO. Vous connaissez la suite et la portée de ces projets aujourd’hui.

Rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue. Victor HUGO

Sur la route me voici donc à intervenir dans des colloques, à réaliser des keynotes dans des forums et dans des entreprises et à participer à de nombreuses tables rondes sur le futur du travail, sur l’IA et l’humain, sur l’engagement, sur l’entrepreneuriat, sur l’optimisme et j’en passe. C’est ce que j’appelle le « B-side » du projet car je suis plutôt du genre « à faire » qu’à communiquer.

Bien-sûr, (et certains le savent) je suis d’une nature bavarde et passionnée : si nous nous sommes un jour rencontrés, notre RDV a probablement largement dépassé le temps prévu. J’aime « raconter », c’est le seul exercice dans lequel je sois à l’aise car il me permet d’être authentique. Mes zones de confort ? Devant un auditoire où je sais avoir le temps de raconter (que ce soit 100 salariés ou 20 « hauts potentiels ») ou, comme en ce moment, derrière mon ordinateur à vous parler dans ce billet.

Raconter est facile, cela permet de rester soi et ce qui est valable pour moi ou pour cette entreprise n’est pas forcément valable pour vous ou pour votre entreprise. C’est le pré-requis que je pose avant chaque intervention.

Néanmoins, la question de l’authenticité me taraude quand j’interviens à des tables rondes. Faut-il se conformer au moule ou rester soi-même ?

Ce que j’aime par dessus tout, c’est apprendre. Sur les panels d’intervenants, je vais souvent être celle qui écoute avant d’être celle qui cherche à convaincre. De manière quasi systématique je reçois ensuite des messages « j’aurais aimé vous entendre plus », « j’avais des questions pour vous ».

Cela fait plusieurs fois que je ressens une sorte de frustration : « j’aurais dû parler plus, j’aurais dû interrompre ». Il faut dire que j’ai souvent des dizaines de commentaires à faire mais si l’animateur ne me donne pas la parole, alors je respecte son travail (je ferais un piètre politique…!) et j’aime entendre les arguments des autres.

Aujourd’hui, je m’interroge. Faut-il entrer dans le moule et faire du « plus codifié » ou garder cette posture ? Faut-il appliquer ce qu’on nous apprend, à savoir arriver avec ses « 3 messages à faire passer » coûte que coûte quand bien même cela ne soit pas le sujet ?

Quand vous faites partie du panel et que vous avez travaillé avec l’animateur, vous avez vite fait de noter que le sujet dérive. Il est tellement facile de faire du « buzzword » et du « name-dropping » (pardonnez ces anglicismes, disons « mot à la mode » et « placement de noms et références »).

J’imagine que cela se travaille et que certains arrivent même à « objectiver » une prise de parole sur une table ronde = x prospects. Pour ma part (et c’est sûrement un peu naïf) j’y vais pour rencontrer ceux qui silencieusement agissent dans leur entreprise : je me garde de faire des généralités ou de dire que nous avons les solutions !

Si je suis une optimiste, je reste une réaliste : je n’ai pas la solution au futur du travail et ma réponse est toujours double : expérimentation + collectif. Les injonctions et les positions tranchées me font peur.

Mon message, le seul dont je sois certaine et celui qui me tient le plus à cœur est constant : il est nécessaire de s’intéresser à l’Humain, car nous ne sommes qu’un.

Comment faire ? Seule je n’ai pas de réponse mais je suis convaincue qu’à plusieurs, nous pouvons définir les contours d’actions qui ont du sens. Et c’est toujours comme ça que débutent nos partenariats : il s’agira d’une expérimentation car on parle précisément d’Humain.

Actuellement, j’ai décidé de rester authentique : c’est tout simplement plus facile et moins chronophage. J’ai envie de croire que ne pas « débiter » sans cesse le même discours normé a de la valeur. Finalement, c’est aussi ça l’authenticité.

Mais je m’interroge sur la « professionnalisation » de la chose. Est-ce paraître moins crédible ? Est-ce paraître moins compétent que de dire que : oui, nous avons des retours d’expériences mais pas de « méthodo » à copier -coller comme celle illustrant mon article ? (Même si j’aime particulièrement ce petit bonhomme qui nous dit que tout est possible…).

Je n’ai pas la réponse mais j’ai avancé dans ma réflexion… Il faut dire que mes dernières prises de paroles m’ont appris une chose : il est bon d’éviter d’arriver à moitié paralysée après 1h30 de séance de « torture » chez un dentiste ! Rassurez-vous, si j’interviens bientôt dans votre entreprise ou dans un forum, les séances finissent bientôt…

Merci pour vos commentaires et éclairages si vous en avez ! Authenticité ou adaptation ?

Belle journée à tous,

Catherine