Mon cher lecteur,
Me voici dans le train en direction de la Normandie. Je profite du trajet pour rédiger ma dernière lettre de l’été. J’ai préparé moulte billets sur le futur du travail que je publierai au fil des semaines. Pour l’heure, je profite de cette missive pour aborder un sujet qui me tient à cœur : le bon sens.
Théoriser le bon sens
La semaine passée, préparant une intervention sur le sujet je cherchais les nouveaux chiffres sur l’avantage d’un salarié « heureux » au travail. Je prenais le temps d’étudier les dernières études et infographies reçues sur le sujet.
Autant te le dire : aucune étude ne donne les mêmes chiffres mais peu importe, ce n’est pas là le propos. Plus je les parcourais, plus je souriais tant j’avais l’impression de ne voir qu’une théorisation du bon sens. Non pas que toutes ces études n’aient pas de valeur. En France, on aime les justifications par les chiffres : de fait, elles ont donc une utilité. Mais en prenant un peu de recul….
J’imagine que tu n’y as pas coupé… Pléthore d’études stipulent qu’un salarié heureux est :
- moins absent. Tiens tiens… Se sentir bien dans son entreprise incite à prendre un paquet de mouchoirs plutôt qu’un jour de congé maladie ? Bon sens ?
- plus engagé. Le salarié heureux est donc plus enclin à participer au projet de sa société ? Bon sens ?
- plus fidèle. Hmmm… avoir envie de rester dans une société quand on s’y sent bien. Bon sens ?
Evidemment, on accole à ces évidences quelques chiffres et pourcentages (plus ou moins farfelus). D’un point de vue général : est-il besoin d’études pour arriver à ces conclusions ? Je suis la première à les utiliser pour appuyer mes propos mais au fond…
Ne s’agit-il pas de théoriser le « bon sens paysan » ? Suis-je la seule à m’interroger sur le sujet ?
Théoriser le bon sens fonctionne aussi concernant les attentes des salariés
- Besoin de reconnaissance. Est-il personne (outre grands sages) qui n’ait besoin d’être remercié ?
- Besoin de confiance. “Big brother is watching you”…. Mais enfin ! Est-il personne qui aime être fliqué ?
- Besoin de transparence. Ah tiens ? L’humain ne préfère donc pas qu’on lui cache les choses ?
Je ne vais pas poursuivre la liste, tu as compris l’idée.
A quel moment a-t-on mis de côté le bon sens au point de payer des fortunes pour des interventions et études sur le sujet ? Je me permets de t’en faire part car je fais partie de ceux qu’on mandate pour intervenir sur la question et je m’étonne de l’étonnement (tu me suis ?) du public en salle. C’est comme si des managers, pourtant de bon niveau découvraient le bon sens (il ne s’agit pas là d’une généralité, fort heureusement).
Certes j’en joue : en parlant avec humour, les plus sceptiques sont convaincus ! Au fond, comment contredire le bon sens ? Les Comex sont globalement convaincus (même si décliner ceci opérationnellement est difficile), les innovateurs également, ceux qui pensent le monde de demain aussi, par contre le management qui n’a pas envie de voir perdre son “faire-valoir” a plus de mal à y venir.
Il faut dire qu’avec ce buzz autour du bonheur en entreprise, avec ces raccourcis “baby-foot, tobogans, repas bio” certains décrédibilisent complètement la thématique. Au demeurant, si les entreprises s’intéressent à la question, il s’agit de pur bon sens.
Je devrais peut-être intituler mes interventions « je vais vous théoriser le bon sens »
Il me faut conclure cette lettre ! Je suis bavarde quand j’en viens à parler de ces sujets qui me passionnent et sur lesquels je lis tellement de raccourcis “buzzistiques” mettant de côté les véritables enjeux du sujet.
A ton avis : pourquoi les sociétés commencent-elles à s’intéresser au bonheur en entreprise ? Tout simplement par pur bon sens. Je ne vais pas t’évoquer toutes les raisons (je t’en ai déjà parlé) mais t’évoquer celle que j’explore actuellement.
Quand un algorithme peut remplacer des milliers d’employés, quand un algorithme peut créer un changement majeur dans un secteur : tu crois sérieusement que le seul comité exécutif du groupe réuni au dernier étage de sa tour trouvera la solution ? Tu crois vraiment qu’un entre-soi de dirigeants aura la réponse ? Mais enfin, un peu de bon sens ! Les dirigeants d’aujourd’hui n’ont pas d’autres possibilités que de passer d’une entreprise d’employés à une entreprise d’acteurs pour faire face au monde qui arrive. Cela passe bien souvent par une complète “révolution managériale” !
On oublie trop souvent qu’il s’agit là d’un des grands enjeux du bonheur en entreprise, ce sujet « bullshité » par ceux qui ne comprennent pas (ou ne veulent pas comprendre) les tenants et aboutissants de la thématique.
L’entreprise annihilant le potentiel de ses salariés, c’est bientôt fini. Le manager qui a peur que son équipe ait de meilleures idées que lui, c’est aussi bientôt fini. Plus ou moins rapidement, effectivement….
Le PDG n’aura bientôt d’autres choix que de faire attention à ses salariés.Fort heureusement, certains n’ont pas attendu et ont depuis longtemps, créé une entreprise “humaine”.
Mon train arrive. Tant mieux car je pourrais « théoriser le bon sens » pendant des heures sur les enjeux du bonheur en entreprise ! J’ai évidement fait de nombreux raccourcis dans cette lettre, mais j’ai préparé plusieurs articles qui le complèteront. Pense à me suivre ou à me demander en contact sur LinkedIn… Je serai ravie d’échanger avec toi !
A très bientôt,
Catherine
NB : Le prochain événement du club des CHO est complet de chez complet, réservation pour celui du mois d’octobre auprès d’Olivier –et non, je ne peux pas vous donner de passe-droit, la salle n’est pas extensible !-
NB 2 : Pour ceux qui sont à Bordeaux au congrès de l’APM, j’interviens le 15 septembre au matin avec les copains des 100 Barbares, dispo pour un café autour de la Garonne du 14 au 18 !
NB 3 : J’interviens également le 28 Septembre au forum ELLE Active
NB 4 : Avec le Club des CHO nous allons organiser des conférences plus ouvertes sur le futur du travail, nous recherchons des salles et quelques nouveaux partenaires (me contacter ou contacter Olivier)
NB 5 : Si je joue avec la thématique, je suis profondément convaincue qu’il s’agit avant tout d’un enjeu humain